Journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leur abolition


Peut-on réparer l’esclavage colonial ?
Mis à jour le jeudi 9 mai 2024

Depuis 2006, la "Journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leur abolition" est célébrée, chaque année le 10 mai.
Le 10 mai 2024, le Premier Ministre, Gabriel Attal, et le président de la « Fondation pour la mémoire de l’esclavage », Jean-Marc Ayrault, ancien Premier Ministre se rendent à La Rochelle pour la cérémonie officielle de commémoration.

A cette occasion - et pour l’Observatoire de la vie politique et parlementaire - l’ancien Premier Ministre, Jean-Marc Ayrault a remis un article concernant l’une des questions qui revient souvent lorsqu’historiens, chercheurs, élus, responsables associatifs abordent la mémoire de la traite et de l’esclavage : Peut-on réparer l’esclavage colonial ?

 

Le 6 février 2024, à l’Hôtel de Lassay à l’Assemblée nationale sous la présidence de Yael Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée, Jean-Marc Ayrault avait prononcé un discours mémoriel à l’occasion du 230ème anniversaire du 4 février 1794,  journée historique au cours de laquelle fut abolie pour la première fois l’esclavage.
Voir :
https://www.obspolitique.fr/details-article/esclavage/23

Peut-on réparer l’esclavage colonial ?

Par
Jean-Marc AYRAULT
Ancien Premier Ministre, ancien député-maire de Nantes
Président de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage

1789, 1794 : dans ce hiatus de cinq années on trouve toute la complexité des relations entre les Lumières et l’esclavage, entre l’affirmation théorique des droits et leur application réelle, entre la République et la colonisation.

Ces cinq années disent tout d’abord la part d’ambiguïté des Lumières vis-à-vis de l’esclavage : parmi les grands esprits inspirés par les Lumières, on trouve en effet toutes les nuances possibles. Il y a ceux qui affirment l’unité du genre humain avec Jean-Jacques Rousseau, mais qui n’en tirent aucune conséquence pour les colonies ; il y a ceux qui adoptent une position plus conséquente, comme Denis Diderot annonçant les révoltes à venir dans ces sociétés saturées d’injustice. Mais il y a aussi tous ceux qui s’accommodent de l’esclavage, au nom de l’économie ou de la puissance de la France, voire qui le justifient, au nom de ce préjugé de couleur né dans les colonies et qui a été la matrice du racisme anti-noir d’aujourd’hui.

Il y a derrière cette ambivalence une opposition plus profonde, celle des intérêts lorsqu’ils s’opposent avec les principes ; ce qui fait que la proclamation d’un droit ne signifie pas forcément son application. Derrière toute injustice en effet, il y a toujours des intérêts qu’il faut avoir le courage de remettre en cause, et le faire est toujours compliqué…Ce n’est pas propre aux questions coloniales.

Pour que la promesse de l’article 1er de la Déclaration des Droits de l’Homme soit enfin tenue, l’histoire de l’abolition de l’esclavage sous la Révolution nous apprend qu’il a fallu que les premiers concernés prennent leur destin en main, se lèvent et imposent leur droit.

On retrouvera ensuite dans d’autres combats émancipateurs cette façon dont, par la lutte, on est passé de l’affirmation théorique d’un droit à son application pratique à celles et ceux qui en étaient les plus privés : dans le combat pour le suffrage universel, dans le mouvement ouvrier, dans le mouvement des femmes.

A chaque fois, il ne s’agissait pas de contester les principes de la République, mais de faire en sorte que ces principes soient effectivement appliqués : pour qu’elle devienne une démocratie véritable par le suffrage universel, pour que cette démocratie soit aussi sociale par le droit du travail et la sécurité sociale, et pour que cette démocratie sociale accueille enfin les femmes comme des citoyennes à part entière, libres de leur vie et de leur corps.

Mettre en accord la pratique avec les principes, réellement, sincèrement et pas uniquement dans les mots, c’est toute l’histoire de la tension entre la République et la colonisation, quand une nation qui proclame les droits de l’homme universels affirme par ailleurs que, dans certains territoires lointains sous son contrôle, certains sont plus égaux que d’autres.

 Cette idée s’appelle l’exception coloniale, née en France avec le Code Noir - ce texte commandé à Jean-Baptiste Colbert par Louis XIV pour encadrer la pratique alors en plein essor de l’esclavage dans les colonies françaises d’Amérique (la première ordonnance royale est rédigée, néanmoins par le fils de Colbert et promulguée en 1685, deux ans après la mort de Jean-Baptiste Colbert. La nouveauté de ce texte n’était pas dans son contenu, qui ne faisait que codifier des textes locaux sans les améliorer, elle était dans le fait que, bien que commandé et signé par le Roi lui-même, il ne s’appliquait que dans les colonies, autorisant sur leur sol une pratique, l’esclavage, qui était interdite en métropole depuis 1315.

Ce qui était interdit ici devenait licite là-bas, au nom d’une exception qui n’avait d’autre justification que la volonté de préserver dans les colonies l’ordre injuste des colons. Ce principe d’exception a perduré aussi longtemps qu’a duré l’empire colonial français, sous des formes diverses parmi lesquelles le Code Noir, le statut de l’indigénat, et toutes les déclinaisons humiliantes que le droit et la pratique leur ont données au fin des années.

C’est ce régime d’exception qui a permis aux Républicains favorables à l’expansion coloniale de concilier l’inconciliable : défendre en métropole une République universaliste dont la devise était Liberté, Egalité, Fraternité, et soutenir dans l’Empire à l’égard des populations colonisées la discrimination légale et l’exploitation. Mais l’assurance avec laquelle ce discours fut martelé pendant près d’un siècle ne fait pas disparaître sa contradiction intrinsèque, et l’idéologie coloniale a toujours trouvée face à elle d’autres Républicains plus conséquents pour en pointer l’hypocrisie et les dangers : c’est Clemenceau face à Ferry, Jaurès s’opposant à la conquête du Maroc, Gide contre le travail forcé au Congo, Daniel Mayer contre Guy Mollet durant la guerre d’Algérie, Aimé Césaire rompant en 1956 avec le parti communiste de Maurice Thorez sur cette question précisément.

Non, le projet colonial n’est pas le prolongement logique de l’idéal universaliste des Lumières. Il en est au contraire une perversion ; et même son exact opposé, quand, à l’unité du genre humain, la « mission civilisatrice » oppose une distinction entre des « races supérieures » et des « races inférieures ». Il n’y a pas d’autre manière de le dire : le colonialisme est le contraire de l’universalisme.

Voilà pourquoi il devrait être possible de parler de notre passé colonial sans avoir l’impression de nous auto-flageller. Voilà pourquoi il est même nécessaire de le faire. Parce qu’en le faisant, nous ne nous renions pas nous-mêmes. Nous rendons au contraire justice à celles et ceux qui, souvent seuls en leur temps, ont porté haut les valeurs universelles de la liberté et de l’égalité. Nous retrouvons la justesse de leurs combats, et leur clairvoyance nous éclaire pour les combats à mener aujourd’hui.

C’est fort de cette conviction que l’on peut s’interroger aujourd’hui : « peut-on réparer l’esclavage colonial ? »

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La question peut sembler étrange, voire même surréaliste, s’agissant d’une pratique historique à laquelle la France a renoncé il y a 175 ans, et dont les dernières victimes sont décédées il y a près d’un siècle. Comment pourrait-on réparer, d’ailleurs, ce qui a été arraché et détruit par quatre siècles de traite et d’exploitation ?

De 1598, date de la première expédition de traite française, jusqu’en 1848, date de la deuxième abolition, ce sont 4 millions de personnes en tout qui ont été réduites en esclavage dans l’espace colonial français. 1,5 millions environ victimes de la traite, et 2,5 millions nées en servitude dans les colonies. Quel geste, quel mot, quelle somme pourraient effacer leur histoire, et restaurer pour elles un passé qui n’a pas été ?

C’est ce qu’Aimé Césaire voulait dire lorsqu’il déclara en 2001 : « Il n'y a pas de réparation possible pour quelque chose d'irréparable et qui n'est pas quantifiable. » Pourquoi, alors, poser cette question aujourd’hui ?

Cette question est posée aujourd’hui, dans le monde entier, par des chefs d’Etat, des organisations internationales, des militants et des artistes ; elle est posée par les nations de l’Union Africaine, qui ont consacré en novembre 2023, à Accra au Ghana, une conférence entière à cette question ; elle est posée depuis dix ans par les pays de la CARICOM - communauté des Etats des Caraïbes - dont la demande est portée aujourd’hui par la Première ministre de la Barbade Mia Mottley ; elle est posée par le Secrétaire Général des Nations Unies, le Portugais Antonio Guterres, qui a déposé à l’été 2023 un rapport sur le bureau du Conseil de Sécurité sur ce sujet, et en a rappelé l’importance dans le message adressé aux pays du monde le 2 décembre 2023, à l’occasion de la journée internationale de l’abolition de l’esclavage.

Cette question est posée aussi dans notre pays, notamment aux Antilles, par des militants et des associations, qui poursuivent depuis plusieurs années un contentieux contre l’Etat devant les tribunaux français et européens, sans succès jusqu’à présent.

Le sujet est désormais dans la conversation mondiale : le magazine TIME en avait fait sa couverture, revenant sur le combat de Mia MOTTLEY sous ce titre en une : « Esclavage : les réparations sont en train d’arriver ».

Pour expliquer les raisons pour lesquelles cette cause connaît depuis plusieurs années un tel regain d’actualité, il faut comprendre que trois demandes différentes se cachent derrière la notion de « réparations pour l’esclavage ».

La première cause est une demande mémorielle : que ce passé soit reconnu pour ce qu’il est, c’est-à-dire un crime contre l’humanité d’une ampleur exceptionnelle, par sa durée, par son étendue géographique, et par la persistance de ses effets. C’est le travail qu’a fait la France, la première des pays dans le monde, lorsqu’elle a reconnu l’esclavage et la traite coloniales comme des crimes contre l’humanité, par la loi dite Taubira.

La loi allait, d’ailleurs, plus loin, signe que notre pays avait bien compris que, face à un tel crime, la force des mots ne suffit pas : elle demandait ainsi dans son article 2 que cette histoire soit enseignée dans les écoles et que la recherche soit soutenue ; et dans son article 3 elle instituait une journée nationale, célébrée dans toute la France et non pas seulement dans les départements d’outre-mer comme à l’époque ; ainsi que la création d’un comité dont la Fondation pour la mémoire de l’esclavage est aujourd’hui l’héritier.

Tous ces actes sont une forme de réparation, certes symbolique, mais capitale parce qu’elle ancre la mémoire de l’esclavage, et des populations qui en ont été victimes, dans la mémoire nationale. Ce mouvement n’est pas une demande communautaire : elle marque au contraire l’affirmation de l’appartenance pleine et entière de ces populations à la communauté nationale, et le rappel de tout ce qu’elles ont apporté à la France et la République.

Ce rappel est particulièrement exigeant aujourd’hui, alors que le nationalisme relève la tête et voudrait trier les Français en fonction de leur origine, de leurs prénoms, de leur couleur de peau ;  rappel nécessaire, alors que les populations noires sont en France parmi les plus discriminées, alors que les outre-mer souffrent d’être les territoires les plus pauvres de France.

La deuxième demande est une demande politique. Après la reconnaissance de l’importance historique de cette histoire, vient la reconnaissance de la responsabilité, et cette responsabilité est celle de l’Etat : l’esclavage colonial français a été un projet d’Etat, pensé, mis en place, financé par l’Etat, pendant plus de deux cent ans, et dont les effets perdurent aujourd’hui.

Faut-il pour autant que la République, qui n’a que très peu contribué à cette histoire, et qui a au contraire par deux fois aboli l’esclavage, assume la responsabilité des actes de l’Ancien Régime, puis de Bonaparte, de la Restauration et de la Monarchie de Juillet ? Et pourquoi la République devrait-elle le faire en 2024 ?

Ces questions sont légitimes.

La République a déjà pris sur elle la responsabilité de crimes commis par d’autres régimes. La France y a consenti lorsque Jacques Chirac a su briser le silence sur la complicité de Vichy dans l’extermination des Juifs de France, et combien ce tabou brisé a été libérateur ! C’est au nom de ce geste fondateur que la France reste aujourd’hui l’un des pays les plus engagés contre l’antisémitisme.

D’autres Etats européens, ces dernières années, se sont engagés dans des démarches de réparation de leurs crimes coloniaux des siècles passés. L’Allemagne l’a fait explicitement, en 2021, en signant avec la Namibie un accord par lequel elle reconnaît sa responsabilité dans le génocide des populations des Herero et des Nama, et verse aux descendants des survivants de ce génocide des réparations à hauteur de 1 milliards d’euros sur dix ans ; les Pays-Bas l’ont fait aussi, par la voix de leur Premier ministre puis de leur Roi, en présentant des excuses pour la participation de leur pays à la traite et à l’esclavage colonial, et en mettant sur pied un fonds de 200 millions d’euros destinés à financer des initiatives pour transmettre cette mémoire et pour améliorer la situation des populations issues de cette histoire ; le Brésil, le Pays de Galles, l’Ecosse ou les Etats-Unis, qui ont tous développé ces dernières années des programmes particuliers de reconnaissance ou de réparation de leur passé esclavagiste et colonial.

Pourquoi ces pays se sont-ils lancés dans ces démarches qui n’ont rien d’évident, et qui continuent d’ailleurs de susciter en leur sein de multiples débats ?

- D’abord ces pays sont tous des démocraties ; car seules les démocraties sont assez fortes pour faire face aux drames de leur passé, quand les dictatures préfèrent truquer l’histoire, et arrêter les militants de la mémoire, comme la Russie l’a fait pour l’association Mémorial en 2022 ;

- Ensuite ces démocraties sont aussi des sociétés de diversité, qui portent en elles les traces et les blessures de cette histoire coloniale ; c’est pourquoi elles empruntent le même chemin que la France a ouvert avec la loi Taubira, qu’elles prolongent en allant plus loin encore ;

 - Elles ont enfin le souci de mettre cette reconnaissance au service des valeurs qu’elles défendent : en reconnaissant l’erreur fondamentale qu’ont été le colonialisme et l’esclavage qui en a été pendant longtemps l’expression la plus hideuse, ces démocraties cherchent à affirmer un universalisme vrai, libéré des fausses théories de la hiérarchie des races, attentif à l’intérieur à lutter efficacement contre les discriminations, désireux à l’extérieur de nouer avec les pays du Sud des relations d’égalité, enfin dégagées des restes de l’idéologie coloniale.

Cette ambition-là est pleinement légitime. Elle est parfaitement en ligne avec l’aspiration à l’universalisme que portaient les Lumières et la Révolution ; elle est la seule à pouvoir apporter l’apaisement dont nos sociétés comme le monde ont tant besoin aujourd’hui.

Il reste une troisième demande qui se cache sous la revendication des réparations : c’est la demande matérielle. Cette demande-là est à la fois la plus simple à comprendre, et la plus complexe à satisfaire, pour les raisons qu’Aimé Césaire avait dites en 2001 : « Je ne voudrais pas qu'un beau jour l'Europe dise : "Eh bien, voilà le billet ou le chèque, et on n'en parle plus !" »

Non, aucune somme ne pourra réparer l’esclavage, parce que l’esclavage a eu lieu et que rien ne viendra défaire ce qui a été fait. Mais lorsqu’il est question d’argent dans le débat sur les réparations de l’esclavage, ce n’est pas le passé qu’il est question de réparer ; c’est le présent. Le présent et ses problèmes à résoudre ; le présent et ses défis à relever ; le présent et ses injustices à corriger.

Si l’on reparle de l’histoire lointaine de l’esclavage lorsqu’il s’agit d’affronter ces enjeux, c’est parce que, dans un certain nombre de territoires, pour un certain nombre de populations, sur un certain nombre de sujets, cette histoire continue d’exercer ses effets encore aujourd’hui :

- C’est le cas dans les départements d’outre-mer, qui sont les plus pauvres de France avec des taux de pauvreté entre deux et cinq fois plus élevés que la moyenne de l’hexagone, et où les populations les plus défavorisées sont aussi celles qui sont issues de l’esclavage ou de l’engagisme

- C’est le cas aussi lorsque l’on considère leur modèle économique, qui reste marqué par l’économie de comptoir, par les relations exclusives et coûteuses avec la métropole, et par une agriculture d’exportation fondée sur des plantations qui ne nourrissent pas la population, ou même qui les ont empoisonnées

- Dans notre société aussi, il reste des traces de cette histoire, lorsque les préjugés racistes dont sont victimes les personnes noires sont directement issus de représentations construites au temps de l’esclavage

- Et dans notre relation au monde, peut-on ignorer l’impact qu’a eu pour Haïti la dette écrasante que la France lui a imposé, en 1825, pour prix de son indépendance, et qu’elle a mis près d’un siècle à rembourser, au prix de son développement ?

 - Peut-on aussi imaginer que, dans notre relation avec l’Afrique, les Caraïbes, l’Océan Indien, nous puissions avoir des relations effectivement purgées des relents du colonialisme si nous ne sommes pas capables d’avoir avec ces pays un dialogue lucide sur notre passé ?

 

Tout cela ne signifie pas que ces problèmes n’ont pas d’autres causes que le colonialisme et l’esclavage. Ce serait faire disparaître la responsabilité des dirigeants de ces pays, et la complexité d’une histoire où rien n’a jamais une seule cause.

Tout cela ne signifie pas non plus que l’esclavage et la colonisation européennes seraient les seuls crimes contre l’humanité qui devraient être reconnus et réparés, et que, dans ce « Sud global » à la cohérence douteuse, beaucoup se réfugient derrière l’accusation de l’Occident pour masquer leurs propres ambitions impérialistes et colonialistes, et leurs propres crimes vis-à-vis notamment des populations africaines. Crimes qui d’ailleurs continuent d’être commis, quand on pense au sort terrible qui est fait aux immigrés subsahariens dans les pays du Maghreb aujourd’hui.

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Une dernière fois les mots d’Aimé Césaire, qui après avoir relevé que l’esclavage était irréparable, rappelait aussi cette autre évidence : « Reste que les Etats responsables de la traite des nègres doivent prendre conscience qu'il est de leur devoir d'aider les pays qu'ils ont ainsi contribué à plonger dans la misère. »

Qui dira que les besoins en la matière ne sont pas énormes ?

Qui dira que la solidarité du Nord vers le Sud n’est pas vitale pour la résolution des problèmes globaux auxquels nous sommes confrontés ? Qui ne voit pas que cette solidarité est aussi une réponse nécessaire aux tragédies suscitées par les migrations entre le Sud et le Nord ?

Voilà à quoi nous invite le débat sur les réparations de l’esclavage : à prendre conscience de la globalité d’une histoire qui est celle de la première mondialisation, de ses injustices, et de ses héritages.

La question qui nous est posée n’est pas celle d’une réparation individuelle, qui n’a pas de sens et qui est d’ailleurs explicitement écartée par les leaders mondiaux, ni de la réparation d’un passé irréparable.

La question qui nous est posée, est celle de la réparation du monde, et de ce que nous faisons pour en faire un endroit plus solidaire, plus habitable, plus pacifique. Chez nous, comme sur le reste de la planète…

Ce projet porte un nom : c’est le Progrès. C’était le projet des Lumières, et c’est l’ambition qui doit continuer de nous guider aujourd’hui

Source: Jean-Marc Ayrault